Wim Wenders Desperado : Immersion intime dans l’univers d’un grand cinéaste

Wim Wenders Desperado : Immersion intime dans l’univers d’un grand cinéaste

Le documentaire Wim Wenders Desperado, réalisé par Eric Friedler et Campino, sera présenté au FNC en ligne du 7 au 31 octobre prochain et figurera dans notre section Les incontournables.

Wim Wenders Desperado s’ouvre sur des images aériennes du désert du Texas accompagnées par la trame sonore western mélancolique de Paris Texas composée par Ry Cooder. S’ensuit une entrevue avec Wenders lui-même, filmée devant une photo originale du tournage du film, à la manière des entrevues dans Le Sel de Terre (2014). Le documentaire de Friedler et Campino plonge ainsi tête première dans l’univers du cinéaste, en lui empruntant même certains de ses dispositifs formels les plus célèbres, rendant efficacement l’histoire de sa vie et de son oeuvre.

Friedler et Campino ont suivi Wenders pendant un peu plus d’un an à travers le tournage de leur documentaire. Ce dernier nous accompagne à travers des lieux très chers à ses yeux et revisite certaines étapes cruciales de son parcours. Wim Wenders Desperado provoque alors plusieurs moments d’émotion et de nostalgie à la fois chez le cinéaste et le public, notamment lorsqu’on l'aperçoit revisiter son premier appartement à Paris de l’époque où, jeune, il rêvait de devenir peintre, puis lorsqu’on le voit, ensuite, déambuler dans le Grand Palais alors qu’une installation multimédia monumentale est consacrée à son oeuvre…

L’un des aspects les plus percutants du film de Friedler et Campino est certainement sa manière de dépeindre la relation d’amour qu’entretient le cinéaste avec l’amérique. Wim Wenders Desperado nous fait redécouvrir plus d’une dizaine de titres de Wenders, parmi ses plus célèbres, à travers un savant mélange d’extraits, d’entrevues, et de photos de tournage. On en ressort avec la forte impression que son cinéma est marqué par une fascination intrinsèquement européenne pour l’Amérique, et qu’il est empreint d’un mélange d’influences et de repères des deux continents.

Justement, on constate, à travers l'impressionnante brochette d’artistes interviewés par Friedler et Campino, à quel point Wenders s’est mérité des admirateurs d’envergure partout dans le monde. Ainsi, Werner Herzog, Francis Ford Coppola, Willem Dafoe, Andie MacDowellet et Patti Smith agissent en éloquents témoins, vantant toute l’intelligence et la poésie du cinéaste.

D’ailleurs, on s’amuse beaucoup à en apprendre sur le récit méconnu de la difficile production d’Hammet (1982), réalisé par Wenders et produit par Coppola. Aujourd’hui, on sait que Coppola avait été insatisfait des changements que Wenders avait faits au scénario, à tel point qu’il aurait grandement modifié le montage original de Wenders. Malgré tout, c’est avec une certaine dose d’humour que les deux réalisateurs parlent de cette expérience dans Wim Wenders Desperado, bien qu’ils gardent des versions très différentes de l’histoire. Au moins, les deux affirment qu’ils se respectent toujours beaucoup.

Représentant majeur du Nouveau cinéma allemand et lauréat de nombreuses distinctions prestigieuses dont une Palme d’or, un Lion d’or et un Ours d’or d’honneur, Wim Wenders est sans contredit l’un des plus illustres cinéastes de notre époque. Il est aussi membre du comité d’honneur du FNC et aurait même déjà dédié l’un de ses films, Tokyo-Ga, au public de Montréal. Alors que plusieurs de ses films ont été présentés au FNC dans les dernières décennies, la chance de pouvoir présenter Wim Wenders Desperado nous arrive comme un bel hommage à rendre à Wenders et comme l’occasion unique de faire découvrir un documentaire touchant et ambitieux.

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