Si c’était de l’amour : Rave party envoûtant à la croisée d’histoires fictives et réelles

Le documentaire Si c’était de l’amour du réalisateur autrichien Patric Chiha est présenté au FNC, en ligne, jusqu’au 31 octobre, parmi la sélection Panorama International.

Il s’agit du quatrième long-métrage de Chiha, peut-être son plus personnel et son plus grand succès jusqu’à présent, qui s’articule comme un hommage au travail de son amie de longue date, la chorégraphe Gisèle Vienne. En effet, on y suit une troupe de danseurs, en tournée de répétitions pour Crowd (2017), un spectacle de la chorégraphe.

Si c’était de l’amour débute tout en douceur, et, un peu à l’image du spectacle, énigmatiquement. On ne perçoit d’abord que très peu de dialogues, que les regards et les mouvements des danseurs, qui tentent de suivre les directions de Vienne.

Malgré tout, très rapidement, on est imprégné de l’ambiance de Crowd, ce spectacle qui s’inspire de la culture rave et techno française des années 90. On reconnaît, d’entrée de jeu, la piste Acid Eiffel, de Choice, monument de la musique électronique mondiale, notamment co-produite par Laurent Garnier.

Au fil des scènes de répétitions, on commence aussi à se faire une idée de la démarche singulière de Vienne. Cette dernière a affirmé avoir voulu recréer des effets vidéo, à travers sa chorégraphie, dont des distorsions temporelles (notamment des ralentis), des mouvements retouchés, des « vibrations rythmiques et chorégraphiques. » La troupe applique tellement toutes ces intentions, et ce, « dans une respiration commune, » pour reprendre les mots de Vienne, qu’on se demande, au début du film, si c’est le film ou les danseurs qui créent certains effets.

Puis, très progressivement, on s’éloigne d’une pure observation de la recherche chorégraphique, pour rencontrer intimement les individus qui composent la troupe, la crowd. On découvre des histoires d’amour, de désir, de blessures et de sexualité qui se confondent entre les histoires personnelles des danseurs et les intentions de leurs personnages qu’ils ont créés avec Vienne.

Chiha joue sur cette ambiguïté et l’assume totalement. Il nous fait réfléchir à la réalité autre qu’est celle de la piste de danse des rave party, à la manière dont ce lieu unique amène certains à se perdre ou à incarner des personnages, le temps d’une soirée.

Il n’y a ni entrevues formelles, ni voix-off dans Si c’était de l’amour, que les témoignages des danseurs qui semblent discuter entre eux, d’abord de leurs personnages, puis, d’eux-mêmes. Tout est très ambiguë, donc, puisqu’on ne sait jamais vraiment jusqu’à quel point ces moments d’intimité sont mis en scène, ni à quel degré les danseurs parlent d’eux-mêmes à travers leurs personnages. Mais c’est justement cela qui fait toute la puissance du film de Chiha, qui rend merveilleusement toute la beauté du spectacle.

Le réalisateur assume toute sa démarche, en fait, ayant avoué qu’il ne cherchait « rien en particulier, » après avoir décidé de faire le film, mais qu’il était plutôt à la recherche du « vrai » et de la « poésie. » C’est réussi. Si c’était de l’amour rend nostalgique de l'âge d’or de la techno française, et, tout simplement, d’aller danser, dans un contexte où aujourd’hui tout cela semble abstrait, chose du passé.

Si vous aussi vous souhaitez vous imprégner de l’univers de Chiha et Vienne, abonnez-vous à notre playlist Spotify FNC 2020, qui contient des titres de Laurent Garnier et de Jeff Mills, mis de l’avant dans le film.

Surtout, allez voir Si c’était de l’amour d’ici le 31 octobre, et profitez du forfait de la section Panorama International.

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