Images en mouvement: le FNC s'unit avec Estuaire

Dans le cadre de notre 48e édition, nous avons eu le plaisir de collaborer avec la revue Estuaire pour leur numéro spécial cinéma: «Le comité de rédaction d’Estuaire [...] a rassemblé des poètes dont les pratiques entretiennent des rapports avec le cinéma : scénaristes, réalisatrices, actrices, cinéphiles. Ces artistes ont accepté de se prêter à un exercice de « voyance » entre les mots et les images en mouvement : chaque poète, assistant à une projection différente, a dialogué à sa façon avec l’un des onze films choisis (dans la programmation du FNC), écrivant depuis – ou vers – les images, parfois reprenant les répliques des actrices et acteurs, d’autres fois rappelant formellement ou graphiquement le rythme des œuvres cinématographiques, ou rendant compte du contexte de visionnement lui-même» (Laurence Olivier & le comité de rédaction d'Estuaire).

Nous vous invitons à lire des extraits de ces magnifiques textes de poètes locaux tirés de cette revue. Une belle manière de se remémorer notre 48e édition, à l’aube de la 49e!

Extrait de «J’aurai éteint les lumières» de Larissa Corriveau
D’après «Vitalina Varela» de Pedro Costa

au-delà des murs
éventrés
de sa chambre
les chiens jappent
les rats se terrent
les bêtes attendent
que le soleil
réchauffe les ruines
pour enfin pouvoir
pisser dessus
à ciel ouvert

mais la nuit blanche
tranche les heures
et les bâtards
s’impatientent
car eux seuls savent
sans le savoir

les lieux restent les mêmes
mais pas les gens
qui y reviennent.

Extrait de «5,9 selon 144 personnes» de Renée Gagnon
D’après «Die Kinder der Toten» de Kelly Copper et Pavol Liska

c’est devenu un film de zombies
mal maquillés
qui sont une métaphore de l’histoire de l’Autriche
je suppose
il y a des vivants qui n’ont pas peur
et des vivants qui ont peur
tout le monde danse
et la mère de Karin contente de la retrouver, dit-elle
après que sa fille ait fait un striptease dans le restaurant Alpenrose
lui donne une claque
elles se mettent à se gifler avec des poissons
et la tendance se répand
je pense que mon voisin, à ce moment, devait rire si fort que je ne voyais plus les intertitres
les poètes arrivent avec des plats syriens
et tout le monde se calme
y compris Karin
et là, la mère de Karin se jette sur elle et s’empale
je ne me souviens plus sur quoi

Extrait de «Absences» par Charles Guilbert
D’après «Canción sin nombre» de Melina León

Un rayon de lumière perce à gauche
Nicolas revient
Après une heure d’errance

À mes côtés je le vois plonger
Dans le dénouement d’une histoire
Dont il ne sait pourtant rien

*

D’une voix étranglée
Georgina chante une berceuse
En quechua

Elle chante
Pour l’enfant
Qu’elle a perdu
Elle chante et chante
Et ce qu’elle parvient à endormir
On le voit – presque un miracle
C’est sa propre douleur

Au moment où elle ferme les yeux
Gagnée par le sommeil
Le film prend fin


Extrait de «Pour faire suite au film» de Maggie Roussel Blot
D’après «Happy Lamento» d’Alexander Kluge


Notes sur l’arrière-garde des enfants enrôlés

Cette bande de
mauvais garçons et mauvaises filles
signés Khavn de la Cruz et Alexander Kluge :
ces enfants jouent sous la lune philippine | dans un champ | de ca-
méra | pour l’enfumer | au moyen de cigarettes | coincées au bord des
lèvres ou plantées dans les narines les oreilles | ils se tiennent serrés
nus | au milieu du nuage fumeux | qu’ils ont créé | afin de rassem-
bler | leurs rires perdus leurs armes leurs cris leurs jurons cinémato-
graphiques | en un bouquet | de menaces d’une nuit | eux qui savent
déjà composer pour l’objectif | comme s’ils l’avaient toujours su | un
tableau scintillant de leurs yeux rouges | et de leurs corps électrisés |
eux qui connaissent l’art de jouer | jouer (à) la comédie gore

 

Extrait de «Au nom du père du fils de la Révolution» de Geneviève Nugent
D’après «A Moon for my Father» de Mania Akbari et Douglas White

La caméra glisse sur ta peau te découpe en morceaux
À l’intérieur du cadre une main
revient sur le lieu de la censure
marque d’une croix ta chair de cire
Aréole sur aréole lambeau
une esquisse de sein neuf
se dresse sur une terre punie pour ses torts
et d’estropiée à estropiée
j’ose demander
laquelle des guerres est la plus héréditaire


Découvrez tous les poèmes dans l'édition 180 de la revue Estuaire


L’ensemble de la programmation de la 49e édition du festival sera dévoilé le 29 septembre prochain.

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